Tricotage intégral : la solution zéro déchet de coupe qui révolutionne la maille

Coudre, couper, jeter… Ces trois verbes résument encore trop souvent le sort d’une partie de la matière première utilisée pour fabriquer nos vêtements en maille. Or, chaque kilogramme de fil produit consomme de l’eau, de l’énergie et des ressources naturelles. Bonne nouvelle : le tricotage intégral – aussi appelé « Whole Garment » – permet enfin d’approcher le zéro déchet de coupe. Comment ? En tricotant un pull, un bonnet, des chaussettes…, d’une seule traite, sans couture d’assemblage. Focus sur cette petite révolution industrielle aux grandes conséquences écologiques.

Les différentes méthodes de fabrication en maille

Maille coupée-cousue : rapide, mais gourmande en matière

  • Le principe : on tricote des rouleaux de tissu sur des métiers circulaires ultrarapides (jusqu’à 5 m²/min).

  • Étape suivante : on découpe les pièces du patronage dans ces rouleaux avant de les assembler à la machine à coudre.

  • Déchets de coupe : 10 % à 50 % de la surface tricotée, selon la forme des pièces et l’éventuelle présence de motifs à aligner.

  • Atout : productivité record.

  • Limite : énorme gaspillage de fil, donc d’argent et de ressources naturelles.

Fully Fashioned : la forme exacte, mais encore des surépaisseurs

  • Le principe : chaque panneau (devant, dos, manches…) est tricoté séparément, déjà à la bonne forme, sur un métier rectiligne.

  • Ensuite, on « ouvre » la maille à la vapeur pour stabiliser les dimensions, puis on assemble les morceaux par couture ou remaillage.

  • Déchets de coupe : quasiment nuls, mais il faut ajouter des marges d’assemblage et quelques rangs de démarrage.

  • Perte de matière estimée : ≈ 10 %.

  • Limite : vapeur énergivore et surépaisseurs de coutures qui n’apportent aucune valeur d’usage.

Tricotage intégral (Whole Garment) : le vêtement sort de la machine déjà monté

  • Le principe : des métiers rectilignes pilotés par ordinateur possèdent plusieurs rangées d’aiguilles indépendantes. Elles tricotent en même temps le devant, le dos, les manches, le col et même les bord-côtes.

  • À la sortie : un pull terminé, sans couture et sans surépaisseur.

  • Ensuite, on stabilise la maille à la vapeur afin de fixer les dimensions

  • Déchets de coupe : seulement les fils d’amorce, soit 1 % à 3 % de la matière

Pourquoi le tricotage intégral est-il si vertueux ?

Réduction drastique de la matière perdue

Passer d’une moyenne de 30 % de déchets (maille coupée-cousue) à moins de 3 % change immédiatement l’empreinte carbone d’un pull. Chaque gramme de fil économisé, c’est moins de teinture, moins d’eau et moins d’énergie consommée en amont.

Fin des surépaisseurs inutiles

L’absence de coutures supprime l’excédant de matière ajoutée pour tenir les points d’assemblage. Résultat : un vêtement plus léger et confortable sans couture inutile.

Conclusion

Le tricotage intégral n’est pas qu’une prouesse technique. C’est la preuve qu’innover dans l’industrie textile peut rimer avec réduction drastique des déchets et relocalisation durable.

Marques, ateliers, designers : plus que jamais, le passage à cette technologie « Whole Garment » est un levier concret pour atteindre ses objectifs RSE et séduire des consommateurs en quête de sens.